Depuis 2009, un projet de l’IFSI, en partenariat avec la FGTB, soutient la confédération PGFTU (Fédération générale palestinienne des syndicats) dans la formation des travailleurs à la connaissance de leurs droits. L’IFSI appuie les fédérations de trois secteurs.

Depuis 2009, un projet (*) de l’IFSI, en partenariat avec la FGTB, soutient la confédération PGFTU (Fédération générale palestinienne des syndicats) dans la formation des travailleurs à la connaissance de leurs droits. L’IFSI appuie les fédérations de trois secteurs (services publics, soins de santé, banques et assurances) dans les districts d’Hébron, Ramallah et Naplouse. Des résultats concrets apparaissent tant au niveau local que national.

La principale stratégie au début du projet était de recruter 13 permanents syndicaux et de les former pour qu’ils deviennent les relais entre les travailleurs et les structures syndicales. Des formations adaptées à l’imbroglio quotidien vécu par les travailleurs palestiniens, dont plus de 100 000 sont employés dans l’économie israélienne. « Les formateurs de PGFTU enseignent les éléments essentiels des législations du travail palestinienne, israélienne et jordanienne, explique Laurent Atsou, gestionnaire du projet Palestine au sein de l’IFSI. Le morcellement du pays rend la tâche des syndicalistes très difficile car ils doivent sans cesse jongler avec différentes administrations, effectuer d’énormes détours pour relier deux localités. Les législations qui s’appliquent à la Cisjordanie ne sont pas nécessairement les mêmes qu’à Gaza. Jérusalem est elle aussi partagée en plusieurs parties aux régimes juridiques très différents ».

Former des permanents proactifs

L’une des premières tâches des 13 permanents syndicaux formés à Hébron, Ramallah et Naplouse était de répertorier toutes les entreprises situées dans leurs zones respectives. « Ils les ont ensuite visitées une à une afin d’identifier les problèmes des travailleurs, d’évaluer le type du soutien qu’ils peuvent apporter directement ou à travers la structure syndicale, poursuit Laurent Atsou. Ces rencontres directes avec les travailleurs donnent une image proactive du mouvement syndical, elles sont aussi l’occasion de leur proposer différents types d’activités : ateliers, projections de film de sensibilisation, etc. Dans les entreprises où on trouvait déjà quelques travailleurs organisés, les permanents ont développé des structures syndicales plus structurées. Là où il n’y avait rien, ils ont essayé d’identifier les travailleurs avec qui il était possible de construire une représentation syndicale ».

12 des 13 permanents formés dans le cadre du projet soutenu par l’IFSI (et la FGTB Fédérale en tant que partenaire) sont des femmes, ce qui ouvre de nouvelles possibilités de contact aux syndicats palestiniens. « Nous avons instauré une relation de confiance avec les travailleuses, explique Hayat Ewedah, permanente dans le secteur public à Naplouse. Certaines ont subi des harcèlements. C’est le genre d’abus au sujet duquel il est difficile de se confier mais entre femmes, elles nous en parlent plus facilement. Nous avons pu résoudre certains problèmes à l’amiable. Dans le secteur public, nous visitons des lieux de travail où la main-d’œuvre est majoritairement féminine car les femmes souffrent davantage de discriminations, notamment concernant le salaire. Nous essayons de leur faire prendre conscience de leurs droits ».

Des résultats concrets

Les rencontres et sensibilisations menées par les 13 permanents ont des résultats très concrets. A Naplouse par exemple, elles ont aidé le syndicat du secteur public à obtenir une révision des contrats de travail dans les succursales d’une grande enseigne commerciale. Les nouveaux contrats respectent désormais la loi sur le salaire minimal. A Hébron, l’augmentation du nombre de membres a permis de créer de nouvelles structures syndicales qui se sont affiliées à la PGFTU. A Ramallah, les permanents ont obtenu un accord avec l’Institut technique UTI pour que le PGFTU puisse proposer un atelier sur la législation palestinienne à toutes les femmes graduées. « Dans certains centres de santé de Naplouse, nous avons parlé à des médecins qui ignoraient tout de leurs droits, note Rania Shqair, permanente du secteur santé. Notre projet les a sensibilisés à ce sujet ».

L’IFSI (et la FGTB Fédérale en tant que partenaire) soutient également leur partenaire syndical palestinien sur le plan international. « Nous contribuons à donner une visibilité au combat des travailleurs palestiniens dans les instances de la FGTB et dans les organisations internationales syndicales comme la CSI (Confédération syndicale internationale), explique Laurent Atsou. Le mouvement syndical international peut aider à maintenir un dialogue constructif, par exemple entre syndicats israéliens et palestiniens, afin qu’ils œuvrent dans l’intérêt de tous les travailleurs, et non en fonction d’un intérêt partisan ou politique ».

Au sein de la société civile belge, l’IFSI participe à différentes plateformes (telles le CNCD) où elle relaie les préoccupations des travailleurs palestiniens, où elle montre comment ils participent à la construction de l’Etat palestinien. Dans la campagne « Made in Illegality » qui demande un arrêt des relations économiques entre la Belgique et les colonies israéliennes, l’expérience du partenaire syndical palestinien aide la FGTB à témoigner de la situation concrète des travailleurs dans les entreprises de ces colonies.

L’accompagnement de l’IFSI (et la FGTB Fédérale en tant que partenaire) a aussi contribué à une amélioration de la démocratie interne au sein des syndicats palestiniens partenaires, via la tenue d’élections régulières, le maintien de structures qui se réunissent régulièrement, une meilleure place réservée aux femmes. Husain Foqahaa, membre du secrétariat national de PGFTU, estime que ce projet de coopération a joué un rôle important dans l’évolution du mouvement syndical palestinien : « Avant les Accords d’Oslo, le mouvement syndical palestinien était isolé du monde, nous manquions d’expérience dans le travail syndical. Depuis l’ouverture internationale et notre coopération avec les syndicats internationaux, nous avons beaucoup appris dans le domaine des techniques de négociation et de communication. Nous sommes devenus les interlocuteurs principaux du gouvernement et des employeurs palestiniens sur les questions liées au travail. Le point de vue syndical est reflété dans les conventions qui touchent aux domaines politique, économique et social, en partie grâce au soutien du projet ».

Ressources liées

Projet IFSI en Palestine